Pour bien comprendre pourquoi le vert est une couleur qui fait horreur aux comédiens superstitieux, il est indispensable de jeter un œil dans notre passé, notamment à la fin du Moyen Âge.
En effet, à cette époque, les projecteurs (pas vraiment électriques) ont aidé à la création de cette légende, qui, comme toutes les légendes, possède une origine purement pratique : On raconte que de nombreux acteurs ayant interprété le rôle de Judas (qui est symbolisé souvent au théâtre par la couleur verte, voire un jaune se mêlant au vert) sont décédés peu de temps après avoir interprété ce rôle (et comme par hasard ils avaient porté des vêtements de couleur verte).

En fait, après analyse, il s'avère que ce n’est pas vraiment la couleur que la teinture du vêtement qui est la cause funeste de la disparition de ces comédiens. Il faut savoir qu’à cette époque, dénicher une couleur verte pour des vêtements était compliqué, très compliqué même.

Il ne faut avoir en tête qu'au théâtre, lieu d'extravertis par définition, les couleurs des costumes se doivent d'être très visibles afin que le public puisse facilement distinguer les acteurs. Pour arriver à cette fin, et obtenir d'excellents résultats, les costumiers, accessoiristes, sans oublier les comédiens de cette époque éloignée, ont préférer délaiser progressivement les teintures végétales (non toxiques mais aux nuances faibles et peu éclatantes) au profit du « verdet » défini ainsi par le LITTRE :  "Le verdet ou vert-de-gris qui sert à faire les belles couleurs de vert céladon et de couleur de soufre, Instruct. génér. pour la teint des laines, 18 mars 1671, art. 138. La première et la plus simple de toutes les décompositions de cuivre est la conversion du vert-de-gris ou verdet, Buffon, Min. t. v, p. 69. , "

Malheureusement, peu savait que cette composition chimique est une substance colorante dont la toxicité est importante car elle est extraite d'acétates de cuivre (certains chercheurs indiquent même un mélange d’oxyde de cuivre, de cyanure, toxiques, de vinaigre et d’urine - charmant !-). Et donc, à cette époque, le verdet était "déposé" sur les tissus et les costumes. Cette couleur était plus déposée en surface que réellement infusée ou imbibée dans le tissu. Et donc, malgré un effet d'éclat unique, c'était la mort assurée par asphyxie qui rodait pour son propriétaire à cause des vapeurs et des dépôts de ce "verdet". 

Les historiens ont retrouvé de nombreux drames relatés à ce propos. Une vraie prise de conscience de la profession envers la couleur verte dans les théâtres se mis alors en marche au vu de la dangerosité du produit avant que cet amalgame chimique soit progressivement exclu d’un usage théâtral. Les légendes ont toujours une explication rationnelle et pratique.

Pour compléter cet article, il faut aussi noter que certains chercheurs pensent que la superstition liée au vert, serait peut-être aussi due qu'aux XVIIIe et XIXe siècles, les scènes des théâtres étant éclairées par des bougies. Or, pour un meilleur éclairage, les établissements de spectacle ont de plus en plus utilisé des lampes brûlant de l’oxyde de calcium (la “chaux vive”). Cet éclairage ayant la particularité de ne pas faire ressortir la couleur verte d'un élément décoratif ou de costume. Conséquemment, cet éclairage ne permettait pas de distinguer les comédiens habillés en vert.

Au fait, si la couleur verte est l’objet d’une superstition tenace par les gens de spectacle en France, est-ce le cas dans les autres pays ?
Il semble que non, et que cette répulsion face à cette couleur symbole aussi de chlorophylle est totalement française pour des raisons culturelles aussi.
En effet, savez-vous que la couleur censée porter malheur n’est pas du tout la même si on voyage un peu. Certains affirment que le bleu est à bannir au Royaume-Uni car cette couleur à tendance à devenir noire quand elle est éclairée par une bougie. Les italiens ont une aversion pour le violet. Pour les artistes espagnols, le jaune serait à éviter.
Une exception qui confirme la règle

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